Le secteur culturel et créatif bruxellois tient bon face aux crises

3 mai 2023 - Une étude menée par la Vrije Universiteit Brussel (VUB), à la demande de hub.brussels, fait la lumière sur le poids des industries culturelles et créatives (ICC) dans l’économie bruxelloise post-pandémie. Un secteur crucial pour le dynamisme économique et l’image de la Région, qui a fortement souffert de la crise covid mais connaît depuis une reprise nette et encourageante.
La claque puis la relance : profil des ICC à Bruxelles
Les industries culturelles et créatives représentent aujourd’hui 22.000 entreprises à Bruxelles – pour 25.000 en 2019 – (dont 96% sont des TPE et micro-entreprises), plus de 100.000 emplois, un chiffre d’affaires de plus de 13 197 millions d’euros et une valeur ajoutée nette de 3,9 % pour l’économie régionale. C’est un écosystème innovant, diversifié, dynamique et cosmopolite, à l’image de Bruxelles, puisqu’il comprend 30% de travailleurs d’origine étrangère.
Si la contribution des ICC au PIB bruxellois a chuté de 11,2% entre 2019 et 2020 (alors que le PIB bruxellois diminuait de 6,1%), le secteur a connu une nette reprise l’année suivante avec une croissance de 10,1% démontrant toute sa résilience face aux crises. Et le chiffre d’affaires a suivi les mêmes courbes : diminuant de 12,5% entre 2019 et 2020, il est ensuite reparti à la hausse avec une augmentation de 13,9%. Des chiffres qui indiquent la grande capacité de ces entreprises à rebondir et qui augurent un retour au niveau d’avant-crise dans les années qui viennent.
Véritable force économique, le secteur des ICC est l’un des plus gros en termes d’emploi dans la capitale. L’étude pointe cependant la vulnérabilité de certains de ses travailleurs, qui comptent dans leurs rangs un nombre particulièrement élevé d’indépendants et freelances, et qui touchent un revenu mensuel inférieur à la moyenne.
Si ce secteur a été touché deux fois plus durement que les autres par la crise covid, les aides et mesures gouvernementales ont permis de minimiser les faillites, de maintenir l’emploi et d’atteindre, 2 ans plus tard, une relative stabilité.
« Nous pouvons nous attendre à ce que les industries créatives et culturelles à Bruxelles puissent se remettre sur pied et retrouver des niveaux de croissance stables d'ici 2023-2026. Mais certains secteurs auront besoin d'un soutien fort de la part des décideurs politiques pour se remettre des pertes subies ces dernières années, en particulier l'organisation d'événements, la culture, les arts et le patrimoine, la musique, les arts du spectacle et les arts visuels. » Marlen Komorowski, professeure à la VUB et auteure de l’étude.
Des recommandations et un indispensable soutien public
Face aux crises qui se succèdent, l’étude établit une série de recommandations afin de continuer à soutenir cette filière ICC si précieuse pour Bruxelles, non seulement sur le plan économique, mais également sur les plans social et culturel.
Parmi celles-ci, le renforcement des mesures publiques de soutien, qui ont montré récemment toute leur efficacité, ainsi que la nécessité de mettre le focus sur certains secteurs plus spécifiquement touchés et qui représentent une véritable force de frappe à Bruxelles (l’audiovisuel, l’organisation d’événements, le gaming). Dans un contexte international, l’étude souligne aussi toute l’importance d’accélérer la transition digitale des entreprises en termes de formation et d’équipement.
Enfin, il est également recommandé de travailler davantage sur les plans de l’inclusion et de l’égalité des chances, dans un secteur encore trop majoritairement masculin (40% de la main d’œuvre des ICC sont des femmes), avec un écart salarial d’encore environ 1% en 2020, et ce afin de donner à tous et toutes les mêmes opportunités en termes d’accès aux formations, au financement et à l’emploi notamment.
Pour Barbara Trachte, secrétaire d’Etat à la Transition économique : «Il est réjouissant de constater que le secteur des ICC retrouve des couleurs après les crises successives auxquelles il a été confronté. Les aides de la Région, mais surtout la résilience des acteurs et actrices du secteur y ont largement contribué. Les ICC sont un secteur prioritaire pour la Région. En plus de l’accompagnement spécifique de hub.brussels, nous continuerons à apporter une attention toute particulière au secteur notamment grâce à l’appel à projets Crea.brussels et aux financements de Finance&invest.brussels qui mise sur les ICC dans ses priorités stratégiques ».
« Soutenir les ICC à Bruxelles comme à l’étranger fait partie intégrante du plan d’action de hub.brussels. Cela passe par la mise en avant de talents pendant les missions économiques, mais aussi via nos clusters play.brussels et hospitality.brussels ou encore la promotion de Bruxelles comme capitale créative pour attirer de nouveaux investissements et talents créatifs. Nous avons également mis en place en juin 2022 une plateforme de coordination de toutes les organisations en charge d’accompagner et de défendre les intérêts des entrepreneurs créatifs, afin de mieux soutenir les parcours de ces acteurs de premier plan à l’avenir. » explique Isabelle Grippa, CEO de hub.brussels.
A propos de l'étude
Cette étude est une mise à jour d'un rapport commandité par hub.brussels en 2020 et déjà réalisé par SMIT-VUB sur base des informations fournies par la plateforme analytics.brussels. L'analyse s'est basée sur les données des micro-entreprises publiées par Bel-first fournies par le Bureau van Dijk en appliquant la définition des ICC fournie par hub.brussels et a été complétée par des statistiques publiques, telles que les données de l'IBSA/BISA, StatBel, LBS et BCSS. Pour plus d'informations sur la méthodologie, veuillez consulter le rapport complet ou contacter marlen.komorowski@vub.be.
Florence Ortmans