Recommandations pour un meilleur accès au cash pour tous les habitants et commerçants de Bruxelles
Dans un monde où les transactions numériques deviennent la norme et tendent à avantager l’e-commerce et la grande distribution, l'accès facilité au cash peut se révéler être un avantage concurrentiel significatif pour le commerce de proximité. Comment assurer un meilleur accès aux distributeurs de billets aux habitants et aux commerçants de Bruxelles ? A la demande de la Secrétaire d’Etat bruxelloise à la Transition économique, une étude inédite a été menée par hub.brussels, l’Agence bruxelloise pour l’Entrepreneuriat. Cette étude évalue le réseau de distributeurs à Bruxelles et analyse le comportement des usagers et des commerçants vis-à-vis du cash et des distributeurs. Objectif : objectiver le besoin des commerces et des habitants afin de proposer une optimisation du réseau actuel qui en tienne compte.
Considérer les spécificités régionales
Depuis quelques années, nous assistons à une restructuration du réseau de distributeurs de billets en Belgique. Les citoyens, les commerçants mais également les élus se plaignent de la fermeture de points de retrait dans leur quartier et du manque d’informations claires à ce sujet. Si l’État Fédéral dispose des compétences pour dialoguer avec le secteur bancaire et réguler la gestion de la distribution du cash, les retombées de la restructuration du réseau affectent directement le territoire régional et ses usagers, y compris les entrepreneurs qui y ont établi leur activité économique. S’agissant d’un enjeu social et économique essentiel pour la Région, la secrétaire d’état à la Transition économique a mandaté hub.brussels pour la réalisation d’une étude à l’échelle régionale, afin de s’assurer de l’adéquation entre le réseau et les besoins des commerces et de leurs clients.
« Face à l'opacité des opérateurs bancaires dans le cadre de la restructuration du réseau de distributeurs de billets, une objectivation de la situation bruxelloise était nécessaire. L’étude de hub.brussels met en lumière l’importance cruciale du cash pour nos commerçants et nos citoyens ainsi que l'insatisfaction engendrée par la diminution du nombre de distributeurs. L’ensemble de ces données collectées doit à présent pouvoir contribuer à améliorer la stratégie de répartition du secteur pour que l’ensemble des quartiers commerçants bénéficient d’une offre de distributeurs suffisante. C’est une priorité pour soutenir le commerce local », déclare la Secrétaire d'Etat à la Transition économique
Trop peu de distributeurs
L’accord fédéral conclu avec les opérateurs bancaires définit les critères d’implantation du futur réseau de distributeurs. hub.brussels s’est posé la question de savoir si le réseau bruxellois était conforme aux critères de cet accord. Si les opérateurs bancaires proposent bel et bien un maillage d’implantations conforme à la plupart des critères (accessibilité, plages horaires ou présence de la fonction « dépôt »), on constate cependant un nombre insuffisant d’appareils à Bruxelles ainsi que de nombreuses disparités entre les quartiers bruxellois, ne prenant pas en compte les spécificités locales. Pour que la Région de Bruxelles-Capitale présente une valeur inférieure au seuil défini dans l’accord fédéral (à savoir 2500 habitants par ATM), il faudrait qu’elle accueille sur son territoire 497 appareils, soit 87 ATM supplémentaires par rapport aux 410 appareils recensés en juin 2023.
Parmi les espaces commerçants les moins bien lotis, on retrouve le Sablon, les Marolles, le quartier Saint-Job à Uccle et la chaussée de Ninove (Molenbeek et Anderlecht)
Forest est de loin la commune la moins bien lotie, puisqu'elle ne comptait qu'un seul point de retrait sur son territoire au moment du relevé, soit 1 ATM pour 28.862 personnes !
Le cash, toujours fort utilisé
Les Bruxellois utilisent-ils toujours de l’argent liquide ? Près de 2000 enquêtes, réalisées par l’équipe de terrain de hub.brussels auprès des chalands et commerçants, démontrent que le cash occupe encore une place prépondérante dans la vie des Bruxellois, ce qui légitime le maintien d’un service de distributeurs de qualité. Ainsi, 80% des personnes sondées ont du cash sur elles et 90% en ont retiré aux ATM au cours des 3 derniers mois.
70% des répondants déclarent avoir récemment utilisé du cash dans un commerce de proximité
S’il est parfois perçu comme obsolète, l’argent liquide reste autant utilisé que ses alternatives électroniques, notamment pour les achats réalisés dans le tissu commercial de proximité. Le commerce est un des acteurs contribuant le plus à la circulation de l’argent. Côté commerçants, l’absence de frais supplémentaires arrive à la première place des avantages du paiement en liquide. Mais il est intéressant de constater qu’à côté des critiques sur les frais de transaction, nombre de commerçants ne connaissent pas le coût réel de ces paiements électroniques pour leur entreprise. Il y aurait là un travail d’information indispensable à faire auprès des commerçants.
50% des commerçants sondés ne connaissent pas le coût mensuel des solutions de paiement électronique qu’ils proposent (bancontact, chèques-repas, Payconiq, etc.).
Notons aussi que plus que 50% des commerçants utilisent des ATM presqu’exclusivement pour effectuer des dépôts d’argent. Une plus longue distance entre leur établissement et les machines soulève donc aussi des questions de sécurité. En revanche, chalands comme commerçants sont alignés sur un point : le réseau de distributeurs est insatisfaisant (moins de 50% de satisfaction, et plus faible encore chez les commerçants).
« Une meilleure répartition des distributeurs à travers la région bruxelloise ne représente pas seulement un avantage pour les consommateurs, mais s'avère également essentielle pour les entreprises locales. En garantissant que chaque quartier dispose d'un accès équitable au cash, nous renforçons l'économie locale et favorisons un environnement où les interactions commerciales peuvent prospérer de manière inclusive, soutenant ainsi la vitalité et la diversité de notre tissu économique bruxellois. » Isabelle Grippa, CEO de hub.brussels.
Un réseau en adéquation avec les besoins des usagers
Interrogés sur la localisation qu’ils jugent idéale pour un site ATM, chalands et commerçants expriment qu’un distributeur de billets doit être localisé de préférence dans un quartier commerçant et accessible en moins de dix minutes à pied, soit une distance bien inférieure à celle fixée dans l’accord fédéral pour les zones urbaines. Si l’essentiel des distributeurs se localise déjà dans le tissu commercial, il convient d’y garantir leur maintien si on souhaite répondre aux besoins des usagers. La création de critères de localisation basés sur l’offre commerciale et leur intégration dans l’accord fédéral semblent être la piste la plus pertinente pour s’en assurer.
Pour conclure, hub.brussels a fait l’exercice d’une simulation de réseau dont le nombre d’implantations serait similaire à la situation existante et dont la couverture spatiale permettrait à davantage de Bruxellois et d’établissements commerciaux d’être à proximité d’un appareil. En imposant au minimum un site dans chaque noyau commercial et en augmentant le nombre d’implantations par palier de 125 commerces, il est possible d’équiper tous les espaces commerçants denses sans pour autant augmenter de manière significative la taille du réseau actuel.
Consulter l'étude complète
hub.brussels - Le réseau ATM en Région de Bruxelles-Capitale - FR.docx
DOCX - 9.2 Mb
Florence Ortmans
Nicolas Roelens